Conférence « Quand l’économie rencontre la santé (et vice versa) »

Joachim Marti séminaire

Le 24 février dernier, le Pr. Joachim Marti (Unisanté) a donné la deuxième conférence du Sense sur le thème « Quand l’économie rencontre la santé (et vice versa) ». Les recherches du professeur Marti ont un impact direct sur les domaines d’étude de The Sense, en fournissant une vision plus objective de l’économie de la santé et des facteurs à la fois micro- et macro-échelle contribuant à l’introduction de nouveaux traitements dans le système de soins de santé.

Qu’est-ce qu’on entend par économie (de la santé)?

L’économie a pour objet l’allocation optimale de ressources limitées à la satisfaction de besoins illimités. Cette problématique est particulièrement présente dans le domaine de la santé où des arbitrages sont nécessaires à plusieurs niveaux (individus, prestataires, État, etc.). Les recherches du Pr. Marti visent à expliciter ces arbitrages et à comprendre les comportements et décisions des acteurs du système de santé, à travers trois grands axes : les coûts et bénéfices des traitements et politiques de santé, l’analyse économique de la prise de décision des différentes parties prenantes, et l’efficience et l’équité de l’allocation des ressources.

La santé et les soins : un marché comme les autres?

La santé et les soins sont des objets particuliers qui ont des caractéristiques bien spécifiques. Les économistes s’y sont intéressés dès le milieu du 20ème siècle, en raison notamment des particularités suivantes:

    1. Omniprésence du risque et de l’incertitude : par ex. risque de tomber malade, conséquences financières de la maladie, impact sur la qualité de vie, incertitude sur l’efficacité des traitements ;
    2. Asymétries d’information : l’information n’est pas équitablement répartie entre les acteurs du système. Par exemple, le médecin a plus d’information sur l’efficacité des traitements que le patient ; le citoyen a plus d’information sur sa santé et ses comportements de santé que son assureur.
    3. Présence d’externalités : un bien ou un service dont l’utilisation génère un dommage (ou un avantage) sans que celui-ci soit compensé. Le prix de ce bien ou service ne reflète donc pas le coût (ou bénéfice) social de son utilisation, et une intervention de l’État est justifiée. Par exemple, le prix du paquet de cigarettes ne prend pas en compte les impacts négatifs de la fumée passive. Il est donc économiquement justifié de taxer cette externalité négative. Autre exemple, les bénéfices sociaux d’un vaccin (éviter la propagation d’une maladie) justifient de faire baisser son prix (par ex. via une subvention).
    4. Rationalité limitée : Le consommateur rationnel n’existe pas. La capacité de décision des acteurs est impactée par des biais cognitifs, un manque d’information, etc.

L’état intervient régulièrement dans le domaine de la santé pour compenser les échecs de marché causés par ces particularités. En effet, le marché ne peut pas fonctionner de manière totalement libre sinon il y aurait une sous-utilisation de soins et plus d’iniquité d’accès. Pour en savoir plus sur les projets et études du Secteur du Pr. Marti, vous pouvez vous référer au site d’Unisanté, ainsi qu’à celui de la nouvelle plateforme HEC-FBM-Unisanté pour l’économie, les comportements, et les politiques de santé, LCHE.